Pierre Laffitte, disciple et successeur d’Auguste Comte, naquit à Béguey, le 21 février 1823, d’un père forgeron et d’une mère surnommée « Belle Humeur », pour son heureux caractère.
Brillant étudiant, il reçut le deuxième prix au concours général de dissertation française et un prix de physique. Toutefois, il échoua à l’examen d’admission à l’école polytechnique. Ironie du sort, un des juges le plus sévère à son égard, était Auguste Comte.
De 1858 à 1869, il fut professeur de philosophie (histoire générale de l’humanité), mais aussi de mathématiques de 1863 à 1869.
Il développa la pensée positiviste qui faisait de l’humanité, un véritable culte, reposant sur des règles de morale ; Ainsi, « le Positivisme » élevé à l’ordre de religion, est fondé sur le culte de l’Humanité :
- L’Humanité, le Grand Etre, est faite de plus de morts que de vivants, mais le pur individuel meurt à jamais (concept d’immortalité).
– La Terre, séjour de l’humain, est le Grand Fétiche.
– L’Espace (le ciel), où l’humanité évolue, est le Grand Milieu.
La « religion positive » comprend un culte, un dogme et un régime social qui a « l’amour pour principe, l’ordre pour base, le progrès pour but ».
Aussi, ce culte comprend :
– Le culte personnel, c’est-à-dire l’adoration intime de la femme en tant qu’épouse, mère ou fille, parce que la femme est le type le plus pur de l’humanité.
– Le culte domestique qui s’articule autour de neuf sacrements, ponctuant et sanctifiant les actes essentiels de la vie privée comme la Présentation (baptême), l’Initiation (à 14 ans), l’Admission (à 21 ans), la Destination (à 28 ans), le Mariage, la Maturité (à 42 ans), la Retraite (à 63 ans), la Transformation (au moment de la mort), puis l’Incorporation au Grand Etre (7 ans après la mort).
– Le culte « public » ou culte collectif qui repose sur le Grand Etre et doit être célébré dans le temple de l’humanité.
Tous ces rites et célébrations sont ordonnés dans un calendrier positiviste de treize mois de quatre semaines, imaginé par Auguste Comte.
Le dogme du positivisme réside essentiellement dans la maxime « Vivre pour autrui », c’est-à-dire une prédominance des instincts altruistes sur l’égoïsme.
Enfin, le régime social comporte l’éducation. L’éducation est d’abord donnée par la mère à l’enfant. Puis, celui-ci ira dans une école positiviste, mixte (l’idée de mixité est révolutionnaire pour l’époque), pour y apprendre le dogme (les sciences particulières).
A la mort d’Auguste Comte, en 1857, Pierre Laffitte poursuivit l’œuvre du fondateur de la Société Positiviste. Il créa, en 1878, « la Revue Occidentale » (49 volumes parus jusqu’en 1902) ;
Puis en 1880, Jules Ferry, ministre de l’instruction publique, l’autorisa à professer devant le grand public, à la Sorbonne, salle Gerson, jusqu’en 1888.
Son œuvre est considérable. La plus originale est « la Philosophie Troisième », théorie de la Terre, de l’humanité et de l’Industrie, qu’il développa dans ses cours donnés à la grande Salle du Collège de France (1888-1889).
En 1892, une chaire de philosophie des sciences fut créée pour lui, dans ce même établissement.
Grand orateur, Pierre Laffitte multiplia ses discours et ses conférences, aussi bien en France qu’à l’étranger, auprès des hommes politiques mais aussi des ouvriers des villes et des campagnes. Il prôna l’éducation gratuite, accessible à tous et pour les deux sexes.
C’est d’ailleurs, lors d’un discours qu’il prononça, pendant le Comice agricole de Cadillac, en septembre 1898, que Pierre Laffitte développa son idée d’enseignement populaire.
Et c’est en septembre 1894, lors d’un autre comice à Cadillac, qu’il expliqua le rôle primordial de la femme, dans la famille, la gestion de la propriété et l’aide aux travaux de la vigne, faisant ainsi l’éloge de la « Femme Agricole » et également un plaidoyer pour l’enseignement populaire supérieur.
Le discours de Cadillac eut un grand retentissement. Jules Ferry l’entendit puisque, deux ans plus tard, il créa l’école gratuite, laïque et obligatoire.
Tous les étés, Pierre Laffitte revenait à Béguey où il aimait retrouver sa famille et ses amis. Aussi, disait-il « que sa famille était telle qu’il l’aurait choisie si la nature elle-même ne lui avait donnée ».
Il participait à la vie du village et aimait se promener sur les bords de la Garonne et dans les coteaux. A la fin de sa vie, il partagea souvent ses promenades avec Anatole France, qui séjourna de 1888 à 1910, à Capian, chaque été, au château Caillavet , chez sa maîtresse Léontine Aman de Caillavet.
Pierre Laffitte mourut à Paris, le 4 janvier 1903 et fut enterré au cimetière du Père Lachaise, non loin d’Auguste Comte.
Une statue édifiée en son honneur sur la place qui porte désormais son nom, face à son ancienne demeure, témoigne de l’attachement que portent les bégueyrais à l’enfant de Béguey que fut le philosophe Pierre Laffitte.
Un site sabix.revues.org est consultable si vous souhaitez avoir plus d’informations sur la pensée positiviste. (La maison d’Auguste Comte, témoin de l’histoire de positivisme)